Le titre de son album donnait un premier indice : « Civilisation ». La pochette aussi. Il y a quelques jours, on découvrait Orelsan la tête baissée devant un drapeau qui pourrait être celui d’une nation fictive. On ne l’imaginait pas revenir avec un tel visuel pour annoncer la sortie de son quatrième disque ce vendredi.
Et voilà que le rappeur de Caen révèle ce mercredi un autre indice : la vidéo d’une nouvelle chanson, « L’odeur de l’essence », titre coup de poing, quasi engagé ou en tout cas politique, terrain sur lequel l’artiste ne s’était pas aventuré jusque-là.
Depuis ses débuts, Orelsan a beaucoup parlé de lui, de ses proches, travail introspectif unique, qui a fait toute sa force. Cette fois, il regarde ce qui se passe autour de lui avec un regard implacable et une plume toujours aussi aiguisée.
Alors c’est quoi cette odeur d’essence ? Les extrêmes qui rôdent et gagnent du terrain, les discours démagogiques, la peur, la haine jamais bien loin que ça soit dans la vraie vie ou sur les réseaux sociaux. Dit comme ça, rien de neuf sous le soleil.
Manifestations de Gilets jaunes et émeutes dans les cités
Sauf qu’Orelsan, qui s’est longuement confié à nos lecteurs il y a quelques jours, en parle à travers des rimes fracassantes et une production hypnotique. « Une discussion sur deux, c’est quelqu’un qui s’plaint. Pendant qu’le reste du monde souffre pour qu’on vive bien », lâche-t-il. « Plus l’temps d’réfléchir, tyrannie des chiffres, gamins d’douze ans dont les médias citent les tweets. L’intelligence fait moins vendre que la polémique, battle royale, c’est chacun pour sa p’tite équipe. » « Que des faits divers, poule, renard, vipère, soit t’es pour ou soit t’es contre, tout est binaire. Les gratteurs de buzz flirtent avec les extrêmes depuis qu’les mongols sont devenus des experts. » Ou encore : « Les jeux sont faits, tous nos leaders ont échoué, ils s’ront détruits par la bête qu’ils ont créée. La confiance est morte en même temps qu’le respect, qu’est c’qui nous gouverne ? La peur et l’anxiété. On s’auto-détruit, on cherche un ennemi, certains disent C’est foutu, d’autres sont dans l’déni. »
Pour illustrer son propos, Orelsan s’affiche dans le clip devant un écran géant où défilent des images extra-larges de manifestation des Gilets jaunes ou d’émeutes dans les cités alors qu’il est bousculé par des danseurs qui circulent autour de lui.
Un morceau qui donnera sans doute le ton d’un disque parmi les plus attendus de l’année alors que la série documentaire sur le parcours d’Orelsan, « Montre jamais ça a personne », réalisée par son frère Clément Cotentin, a été un gros succès sur Amazon.
La suite de « Civilisation », où l’on retrouvera notamment un duo avec les Neptunes, le groupe de Pharrell Williams, sera à découvrir ce vendredi.
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Divertissement
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