Découvert à la Semaine de la critique en 1984 avec Boy Meets Girl, et en compétition en 1999 avec Pola X, puis Holly Motors en 2012, Leos Carax a ouvert le 74e Festival de Cannes tout en lançant la compétition à la Palme d'or. Avec Marion Cotillard et Adam Driver, Annette est sorti en salles le même jour que sa projection officielle sur la Croisette, mardi 6 juillet. Comédie musicale sur un scénario de Ron et Russell Mael, qui forment le duo rock Sparks, Annette est une oeuvre à part, à l'image de son réalisateur.
Henry, humoriste provocateur à succès, forme avec Ann, célèbre cantatrice, un couple people sous les feux de la rampe. La naissance de leur petite fille Annette va bouleverser leur vie. Suite à une tragédie, l'enfant acquière une voix exceptionnelle et devient l'outil de la vengeance de sa mère, alors que son père en fait une star internationale.
Pandémie oblige, Leos Carax, sélectionné en 2020, a attendu un an pour présenter Annette au plus grand festival de cinéma du monde, annulé l'an dernier. Il aura fallu patienter neuf ans, après Holy Motors, pour retrouver derrière la caméra cet habitué de la Croisette, figure d’un cinéma iconoclaste. Interprété par Marion Cotillard et Adam Driver, associée au groupe culte Sparks à la musique, la distribution est trop belle, avec une montée des marches de stars. Le film est à la hauteur, hors des sentiers battus, romanesque et romantique, sombre aussi.
Fidèle à ses narrations labyrinthiques et à ses images sophistiquées, Leos Carax filme un mélodrame tragique 2.0, la chronique néo-romantique d’un couple d'artistes qui se déchire, dynamité par la jalousie, et dont l'aboutissement sera la manipulation de leur enfant. Henry envie le succès de Ann, allant jusqu’à se saborder dans un show suicidaire, alors qu'elle, sécurisée par la gloire, souffre de le voir partir à la dérive. Pantin de bois au sens propre, tel Pinocchio, leur fille Annette devient un jouet entre leurs mains et celles des médias. Sa voix miraculeuse manifeste son énergie vitale, mais, encore bébé, elle reste une poupée désarticulée. Il faut attendre la dernière scène du film pour qu’elle prenne son indépendance, quand, devenue plus mature, elle tance ses parents dans un discours accusateur, plein de lucidité et poignant.
Le film renvoie ainsi à tous les enfants stars, de Judy Garland à Britney Spears, qui défraye en ce moment la chronique pour se libérer du tutorat paternel. Mais en sous-texte, Leos Carax concocte un conte moral sur la vanité de l’artiste confronté au talent des autres. Magnifiquement enluminé d'images raffinées, sans être ostentatoires, le film recèle l’élégance coutumière du cinéaste, malgré de petites longueurs. La musique et le chant dominent la bande sonore, à l'exception de dialogues éparses. Inventive, elle recèle des couleurs inhabituelles dans le registre, tout en recourant à un certain classicisme, mais toujours avec une belle ampleur orchestrale. Annette marquera sans doute une date dans la filmographie de Leos Carax, comme une réussite dans l’art délicat du film musical, mais aussi comme une œuvre à part entière.
Retardé d’un an pour sa sortie, Annette a ouvert un 74e Festival de Cannes hors normes. D’autres films ont subi le même sort, comme Benedetta de Paul Verhoeven, ou The French Dispatch de Wes Anderson, tous deux très attendus. L'accueil d'Annette à cette cérémonie d'ouverture est resté mitigé, le film divisant le public entre des spectateurs acquis, et une frange beaucoup plus réticente à un récit "trop barré", comme le confiait un invité. Les applaudissements, d'abord timides, ont été un peu plus vigoureux lors d'une seconde salve, c'est dire si le film partage, ce qui augure de nombreux commentaires à venir. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne laisse pas indifférent et prête au débat.
Le sixième long métrage de Leos Carax a inauguré un 74e marathon cannois qui ne compte pas moins de 84 films dans la sélection officielle, au lieu de la soixantaine coutumière, avec sept films français en compétition, alors qu’ils sont cinq habituellement. Ces records reflètent la richesse et la qualité de deux ans de production cinématographique internationale restée dans les tiroirs.
Mais le premier marché du film du monde, colonne vertébrale du festival, va-t-il être aussi foisonnant que les années précédentes, en raison de la pandémie et les contraintes du transport aérien ? Quel impact va avoir le protocole sanitaire sur les festivaliers, professionnels, journalistes, et le public qui se pressent chaque année aux portes du Palais, alors que les salles seront sans jauge limitée ? Autant de questions auxquelles Franceinfo Culture va tenter de répondre, depuis Cannes, durant ce déconfinement balbutiant.
Genre : Drame / Comédie musicale
Réalisateur : Léos Carax
Acteurs : Adam Driver, Marion Cotillard, Simon Helberg, Rila Fukushima
Pays : France / Mexique / Etats-Unis
Durée : 2h20
Sortie : 6 juillet 2021
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : Los Angeles, de nos jours. Henry est un comédien de stand-up à l’humour féroce. Ann, une cantatrice de renommée internationale. Ensemble, sous le feu des projecteurs, ils forment un couple épanoui et glamour. La naissance de leur premier enfant, Annette, une fillette mystérieuse au destin exceptionnel, va bouleverser leur vie.
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